Depuis « Jacquot de Nantes » en 1989, je suis le premier assistant d’Agnès Varda. Lorsqu’elle fait appel à moi en 2001 pour « Les glaneurs et la glaneuse », ce n’est plus pour faire son assistant, elle sait très bien que j’ai arrêté tout ça. C’est simplement pour être à ses côtés. Mais il faut bien me trouver une place. L’image ? Oui, pourquoi pas, je ne tiens jamais la caméra, mais avec Agnès, c’est autre chose. Allons-y.

Je pars parfois seul en quête d’images et de témoignages de glaneurs. Je pars surtout avec elle, et c’est au pied d’un figuier que « j’attrape » la glaneuse pour la première fois. La caméra tourne et Agnès le sait très bien. Elle se laisse pourtant aller en toute confiance. Elle me livre ses impressions du moment, sa réflexion de l’instant. Agnès est au présent, sans fard, comme je la connais depuis toujours. Je propose de réorienter un peu son film : Agnès pourrait entrer dans le champ plus souvent, ce serait aussi un portrait d’elle. Mais Agnès ne veut pas se détourner de ses glaneurs. Ce n’est que partie remise. Nous nous lancerons ensemble quelques années plus tard dans « Les plages d’Agnès ».